Je suis tombée amoureuse d’un livre. 

On dit souvent que le hasard fait bien les choses. J’ai pu le vérifier une fois arrivée sur les lieux de mes vacances, en m’apercevant avec stupeur que j’avais oublié mon livre en cours de lecture !

Fort heureusement pour moi, qui voulais en finir avec mon addiction à mon téléphone portable, le camping propose des livres à emprunter.

Un peu tous les styles trônent nonchalamment sur une étagère en bois, qui menace de se casser la figure au moindre mouvement trop brusque en attrapant un livre.

Mais lequel vais-je pouvoir lire ?

Trop de choix, tue le choix…

Mon regard s’est alors posé sur un beau pavé vert de 686 pages, intitulé « La poursuite du bonheur » de Douglas Kennedy. La couverture un chouille cornée, me parait un peu vieillotte, pourtant, il ne date que de 2001 !

Mon ado de fils, m’a lancé un défi à l’instant où j’ai pris le livre en main : « Tu n’arriveras jamais à le finir avant la fin de notre semaine de vacances ! »

Après un rapide coup d’œil sur la quatrième de couverture, je lui lance un : « Pari tenu mon gars ! »

Valises défaites, enfants installés, chalet rangé, un verre de rosé à la main, bien installée sur la terrasse le livre posé sur les genoux, je débute ma lecture.

Et depuis ce jour-là, je l’ai littéralement dévoré.

Le lisant de partout, même pendant les trajets en voiture menant aux activités familiales. Merci d’ailleurs à mon mari pour avoir conduit tout ce temps !

Je me suis attachée à chacun des personnages. Tous, sont au même plan, niveau « héroïsme » pour moi. Je me suis même surprise à rire aux éclats à la lecture des pics verbales de Sara (sans H) et allant jusqu’à pleurer à chaudes larmes au suicide de son frère chéri.

J’en ai usé des mouchoirs…

J’ai pesté, lorsque du fait de son cœur d’artichaut, elle retombe dans les bras de Jack : un journaliste parti au front en la laissant totalement dans l’ignorance.

Je me suis révoltée lorsque son mari, avec qui Sara s’est résignée tant bien que mal à aller après sa déception avec Jack, lui demande (ou plutôt exige) qu’elle lui prépare un pâté de viande pour son retour du travail, « et si possible avant 19 h, car je n’arrive pas à digérer si je mange trop tard… »

Mon sang de féministe n’en a fait qu’un tour, oubliant trop vite que la scène se passe dans l’Amérique puritaine des années 40… Mais aussi vite rassurée de lire, qu’elle ne lui ferait pas bien longtemps son pâté de viande avant 19 h. Non mais ! 

Je n’ai jamais ressenti autant d’émotions en lisant ! JAMAIS !

Et pourtant, j’ai déjà aimé d’amour des livres, que je relis parfois.

Mais à ce point… 

L’auteur, Douglas Kennedy, manie avec brio l’intrigue principale, nous faisant souvent dévier de route, pour nous laisser apercevoir, à la croisée des chemins que chacun des personnages sont liés … Il joue aussi avec une grande dextérité avec les mots, me forçant parfois à vérifier la définition de certain sur Google, car non je ne suis pas partie en vacances avec mon gros Robert, et oui, cette fois encore, Google a été mon ami !

Tout commence par Kate, la quarantaine, fraîchement divorcée, à l’enterrement de sa mère. On y découvre son frère Charlie ; avec qui elle est en froid depuis qu’il n’a pas daigné s’occuper un tant soit peu de leur maman en fin de vie. Il y a aussi Meg, leur tante paternelle, un poil alcoolique mais tellement sarcastique !

Tout ce que j’aime, une verve acérée enrubannée par un beau brin d’humour !

Lors de l’enterrement donc, Kate remarque la présence d’une inconnue. La soixantaine bien tassée, mais tirée à quatre épingles et d’une dignité rare.

L’inconnue prend contact avec Kate assez rapidement. Elle a beaucoup, beaucoup de choses à lui dire.

C’est de cette façon qu’on passe au personnage de Sara. En faisant un énorme bond en arrière !

Cette petite gymnastique cérébrale n’est pas pour me déplaire. Encore un bon point pour l’auteur. On ne se perd pas le moins du monde, dans l’histoire, tout est fluide et compréhensible et quand enfin on pense comprendre le « pourquoi du comment »… Paf ! Une autre intrigue par-dessus !

C’est pour ça que ce livre est totalement addictif !

On veut connaitre la suite à chaque page. J’en ai même rêvé tellement je cherchais à comprendre. Et quand enfin tout s’éclaire et tout s’imbrique (c’est-à-dire au alentour de la page 680), je me suis surprise à me demander pourquoi je n’avais pas tilté avant, en poussant un gros  » Aaaah mais d’acccoooord !!  »

Pourtant, à la base je ne suis pas fan des histoires se passant en Amérique. Il y a bien trop d’espionnage, de capitalisme et de pseudo patriotisme à mon goût. J’ai même eu un moment d’hésitation à la vue du sigle FBI… mais finalement tout est tellement clair et explicite qu’on se laisse embarquer dans l’histoire avec les personnages.

On apprend que Kate et Sara sont liées par Jack, le père de Kate qu’elle n’a pratiquement pas connu, car décédé lorsqu’elle n’avait que 18 mois. Sara était la maîtresse de Jack, mais cette relation était consentie par Dorothy l’épouse officielle et par conséquent mère de Kate. Mais pourquoi donc me direz-vous ?

Non non, pas de triolisme dans cette histoire, dois-je vous rappeler que nous nous trouvons en 1942 et en Amérique plus que puritaine ?! 

C’est simplement que Dorothy, tout comme Sara, Kate, Charlie ou même Jack sont tout simplement à « la poursuite du bonheur » !

Je n’ai pas vraiment de point négatif à exprimer sur ce livre, si ce n’est le « tic d’écriture » de l’auteur qui a utilisé 53 fois les mots « misanthropie ou misanthrope » en 686 pages (à croire qu’il est lui-même misanthrope !) et qui raffole des dialogues grâce auxquels les personnages s’expriment en utilisant les termes « petit a …., petit b… » .

Ça m’a fait sourire à la longue mais j’ai été forcé tout de même d’admettre que Douglas Kennedy manie la plume comme personne !

Vous l’aurez compris, « La poursuite du bonheur » est mon coup de cœur de l’été et je présume du reste de l’année 2018 !

Emylee

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